Page:Gogol - Nouvelles choisies Hachette - Viardot, 1853.djvu/171

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hurlent, dit Doroch, mais des hurleurs d’une autre espèce.... —

Iavtoukh continuait à se taire, et le philosophe ne trouva rien à répliquer non plus. Ils atteignirent l’église, et entrèrent sous ses vieux arceaux de bois dont la décadence montrait avec quel peu de soin le seigneur veillait au salut de son âme. Iavtoukh et Doroch s’en allèrent comme par le passé, et le philosophe resta seul.

Tout, autour de lui, était dans la même situation que la veille. Il s’arrêta un instant. Le cercueil de la terrible sorcière se tenait immobile au milieu de l’église.

— Je n’aurai pas peur, je n’aurai pas peur, — répéta-t-il.

Et après s’être entouré de son cercle protecteur, il récita à la hâte les exorcismes. Il se faisait un silence horrible ; la flamme des cierges trembleotait, et remplissait toute l’église d’une lumière jaune. Le philosophe tourna une page, puis une autre, et remarqua soudain qu’il lisait toute autre chose que ce qu’il y avait dans le livre. Faisant un signe de croix, il se mit à chanter ses prières. Cela le rassura un peu ; la lecture se fit plus rapidement, et les feuillets se suivaient l’un après l’autre, quand tout à coup, au milieu du silence, le couvercle en fer du cercueil éclata avec grand bruit, et la morte se leva, encore plus épouvanta-