Page:Gogol - Nouvelles choisies Hachette - Viardot, 1853.djvu/35

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… Je le dis d’après mon expérience, quoique je n’aie jamais été plus loin que notre porte cochère. Ma vie se passe dans les plaisirs. Ma maîtresse, que son père nomme Sophie, raffole de moi.


Aïe, aïe…, rien, rien, silence.


Le papa me caresse aussi très-souvent ; je prends du thé et du café à la crème. Ah ! ma chère, il faut que je te dise que je ne trouve aucun goût aux gros os à demi rongés que notre Polkan dévore à la cuisine. Il n’y a que les os de gibier qui soient supportables, encore quand personne n’en a sucé la moelle. Ce qui est encore bon, c’est de mêler ensemble plusieurs sauces, mais seulement quand elles sont sans câpres et sans légumes. Au reste, je ne connais pas de plus mauvaise habitude que celle de donner aux chiens des boulettes de mie de pain. Souvent un monsieur assis à table, qui a tenu Dieu sait quoi dans ses mains, se met à pétrir une de ces boulettes, vous appelle et vous la fourre entre les dents. Il serait impoli de refuser ; on mange avec dégoût, mais on mange.


Que diable est-ce ? quelle bêtise ! comme s’il n’y avait pas de sujets plus intéressants pour écrire. Voyons l’autre page ; ne s’y trouvera-t-il pas quelque chose de plus sérieux ?


Je suis prête à te faire part de tout ce qui se passe dans notre maison. Je t’ai déjà dit quelques mots du principal personnage, que Sophie appelle papa. C’est un homme très-étrange....


Ah ! enfin, je savais bien qu’ils avaient une ma-