Page:Gogol - Nouvelles choisies Hachette - Viardot, 1853.djvu/47

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laisser entrer ; mais je lui dis quelque chose qui lui fit tomber les bras. Je pénétrai jusqu’à la chambre à coucher. Elle était assise devant son miroir ; mais elle se leva et recula à ma vue. Je ne lui dis pas cependant que j’étais le roi d’Espagne. Je lui dis seulement qu’un grand bonheur l’attendait, tel qu’elle ne pouvait pas même se l’imaginer, et que notre union se ferait malgré les embûches de nos ennemis. Je n’ajoutai rien de plus et m’en allai. Oh ! que la femme est un être perfide ! je n’ai compris qu’aujourd’hui ce que c’est que la femme. Jusqu’à présent personne n’avait pu découvrir de qui elle est éprise. C’est moi le premier qui l’ai découvert. La femme est amoureuse du diable. Oui, sans plaisanter. Les physiciens qui prétendent le contraire disent des bêtises. Tout cela, c’est de l’ambition, et cette ambition provient de ce qu’il se trouve sous la langue une petite vésicule qui renferme un petit vermisseau de la grosseur d’une tête d’épingle. Et tout cela est confectionné par un coiffeur qui habite maintenant la rue aux Pois. Je ne me rappelle plus son nom ; mais il est incontestablement prouvé qu’il s’est associé avec une sage-femme pour répandre le mahométisme sur toute la terre ; et voilà pour quelle raison la plus grande partie du peuple en France s’est convertie à la religion de Mahomet.