Page:Gogol - Nouvelles choisies Hachette - Viardot, 1853.djvu/88

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robe de satin à raies rouges ; une morte n’a plus besoin de vêtements ; à quoi bon ? cette robe pourra encore vous servir. Vous en ferez une robe de chambre de parade, pour que vous puissiez recevoir convenablement les visites.

— Dieu sait ce que vous dites, Pulchérie Ivanovna, répondit Athanase Ivanovitch ; Dieu sait quand la mort viendra, et voilà que vous commencez à m’épouvanter par de telles paroles.

— Si fait, Athanase Ivanovitch, je sais bien que je dois mourir. Mais vous, ne vous chagrinez pas trop ; je suis déjà vieille, j’ai assez vécu. Vous êtes vieux vous-même, et nous nous reverrons bientôt dans l’autre monde. —

Et Athanase Ivanovitch se mit à sangloter comme un enfant.

— Ne pleurez pas, Athanase Ivanovitch, c’est un péché. Ne péchez pas, et ne fâchez pas Dieu par votre tristesse. Je ne regrette pas ma mort, je ne regrette qu’une chose (elle s’interrompit par un soupir).... je regrette de ne pas savoir à qui je vais vous confier. Qui aura soin de vous quand je serai morte ? Vous êtes comme un petit enfant ; il faut que ceux qui vous servent vous aiment. —

En disant ces mots, une pitié si tendre et si profonde se peignit sur son visage, que personne en ce moment n’eût pu la regarder de sang-froid.

— Écoute, Iavdoka, dit-elle en s’adressant à la