ennemi soit entré dans la ville avec de grandes provisions. Il ne menait pus avec lui beaucoup de chariots. Les habitants de la ville sont affamés, ce qui veut dire qu’ils mangeront tout d’une fois ; et quant au foin pour les chevaux, ma foi, je ne sais guère où ils en trouveront, à moins que quelqu’un de leurs saints ne leur en jette du haut du ciel… Mais ceci, il n’y a que Dieu qui le sache, car leurs prêtres ne sont forts qu’en paroles. Pour cette raison ou pour une autre, ils finiront par sortir de la ville. Qu’on se divise donc en trois corps, et qu’on les place devant les trois portes cinq kouréni devant la principale, et trois kouréni devant chacune des deux autres. Que le kourèn de Diadniv et celui de Korsoun se mettent en embuscade : le polkovnik Tarass Boulba, avec tout son polk, aussi en embuscade. Les kouréni de Titareff et de Tounnocheff, en réserve du côté droit ; ceux de Tcherbinoff et de Stéblikiv, du côté gauche. Et vous, sortez des rangs, jeunes gens qui vous sentez les dents aiguës pour insulter, pour exciter l’ennemi. Le Polonais n’a pas de cervelle ; il ne sait pas supporter les injures, et peut-être qu’aujourd’hui même ils passeront les portes. Que chaque ataman fasse la revue de son kourèn, et, s’il ne le trouve pas au complet, qu’il prenne du monde dans les débris de celui de Périaslav. Visitez bien toutes choses ; qu’on donne à chaque Cosaque un verre
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