Page:Gogol - Tarass Boulba, Hachette, 1882.djvu/139

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l’armée, qui regardaient stupidement le combat. Épouvantés, ces animaux poussèrent des mugissements, se ruèrent sur le tabor des Cosaques, brisèrent des chariots et foulèrent aux pieds beaucoup de monde. Mais Tarass, en ce moment, s’élançant avec son polk de l’embuscade où il était posté, leur barra le passage, en faisant jeter de grands cris à ses gens. Alors tout le troupeau furieux, éperdu, se retourna sur les régiments polonais qu’il mit en désordre.

— Grand merci, taureaux ! criaient les Zaporogues ; vous nous avez bien servis pendant la marche, maintenant, vous nous servez à la bataille !

Les Cosaques se ruèrent de nouveau sur l’ennemi. Beaucoup de Polonais périrent, beaucoup de Cosaques se distinguèrent, entre autres Metelitza, Chilo, les deux Pissarenko, Vovtousenko. Se voyant pressés de toutes parts, les Polonais élevèrent leur bannière en signe de ralliement, et se mirent à crier qu’on leur ouvrît les portes de la ville. Les portes fermées s’ouvrirent en grinçant sur leurs gonds et reçurent les cavaliers fugitifs, harassés, couverts de poussière, comme la bergerie reçoit les brebis. Beaucoup de Zaporogues voulaient les poursuivre jusque dans la ville, mais Ostap arrêta les siens en leur disant :

— Éloignez-vous, seigneurs frères, éloignez-vous des