Page:Gogol - Tarass Boulba, Hachette, 1882.djvu/49

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de toutes nations qui peuplaient ce faubourg, semblable à une foire, par lequel était nourrie et vêtue la setch, qui ne savait que boire et tirer le mousquet.

Enfin, ils dépassèrent le faubourg et aperçurent plusieurs huttes éparses, couvertes de gazon ou de feutre, à la mode tatare. Devant quelques-unes, des canons étaient en batterie. On ne voyait aucune clôture, aucune maisonnette avec son perron à colonnes de bois, comme il y en avait dans le faubourg. Un petit parapet en terre et une barrière que personne ne gardait, témoignaient de la prodigieuse insouciance des habitants. Quelques robustes Zaporogues, couchés sur le chemin, leurs pipes à la bouche, les regardèrent passer avec indifférence et sans remuer de place. Tarass et ses fils passèrent au milieu d’eux avec précaution, en leur disant :

— Bonjour, seigneurs !

— Et vous, bonjour, répondaient-ils.

On rencontrait partout des groupes pittoresques. Les visages hâlés de ces hommes montraient qu’ils avaient souvent pris part aux batailles, et éprouvé toutes sortes de vicissitudes. Voilà la setch ; voilà le repaire d’où s’élancent tant d’hommes fiers et forts comme des lions ; voilà d’où sort la puissance cosaque pour se répandre sur toute l’Ukraine. Les voyageurs traversèrent une place spacieuse où s’assemblait