Page:Gogol - Tarass Boulba, Hachette, 1882.djvu/67

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Dès le lendemain, Tarass Boulba se concertait avec le nouveau kochévoï, pour savoir comment l’on pourrait décider les Zaporogues à une résolution. Le kochévoï était un Cosaque fin et rusé qui connaissait bien ses Zaporogues. Il commença par dire :

— C’est impossible de violer le serment, c’est impossible.

Et puis, après un court silence, il reprit :

— Oui, c’est possible. Nous ne violerons pas le serment, mais nous inventerons quelque chose. Seulement faites en sorte que le peuple se rassemble, non sur mon ordre, mais par sa propre volonté. Vous savez bien comment vous y prendre ; et moi, avec les anciens, nous accourrons aussitôt sur la place comme si nous ne savions rien.

Une heure ne s’était pas passée depuis leur entretien, quand les timbales résonnèrent de nouveau. La place fut bientôt couverte d’un million de bonnets cosaques. On commença à se faire des questions :

— Quoi ?… Pourquoi ?… Qu’a-t-on à battre les timbales ?