Page:Gogol Chirol - Contes et nouvelles.djvu/120

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LE NEZ 119 et, au milieu des lourdes admonitions de Prasco- via Ossipovna, entortilla le nez dans un linge, et sortit dans la rue. Il avait le dessein de déposer ce nez n’importe où, près d’une borne, sous une porte, ou de le laisser tomber quelque part, à l’improviste, et de tourner dans une autre rue. Mais, par malheur, il lui tomba sur le dos quelqu’un de connaissance, qui se mit aussitôt à le questionner: « Où vas-tu? » ou « Qui vas-tu raser de si bonne heure? » De telle sorte qu’Ivan Iakovlevitch ne put trouver d’abord une seule minute. Deux fois, ensuite, il réussit à laisser tomber le nez ; mais un agent lui fît signe de loin de sa hallebarde et lui cria : « Ramasse, tu as laissé glisser quelque chose! ». Et Ivan Iakovlevitch fut obligé de ramasser le nez et de le serrer dans sa poche. Le désespoir le sai- sit, d’autant plus que la foule augmentait sans cesse dans la rue, à mesure que s’ouvraient les magasins et les boutiques. Il se décida à gagner le pontlsaakiev; peut-être, là, trouverait-il moyen de jeter le nez dans la Neva?... Mais j’ai fait la faute de ne vous avoir rien dit