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Page:Gogol Chirol - Contes et nouvelles.djvu/122

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poissons, et, tout doucement, jeta le linge avec le nez.

Il lui sembla qu’on lui enlevait d’un coup dix poudes[1] de dessus le corps. Et même, il sourit.

Au lieu d’aller ensuite raser des barbes de fonctionnaires, il entra dans un établissement ayant sur l’enseigne : « Aliments et thé », et demanda un verre de punch. Il aperçut soudain, au bout du pont, le commissaire de police du quartier, homme à la tournure distinguée, aux favoris rouges, portant le chapeau à trois cornes et l’épée. Ivan Iakovlevitch fut glacé d’effroi. Cependant, le commissaire lui fit signe de la main et lui dit : « Approche donc ici, mon cher ! »

Ivan Iakovlevitch, connaissant les convenances, enleva de loin sa casquette, et, s’étant approché promptement, dit :

― Je souhaite le bonjour à votre noblesse !

― Non, non, frère, il n’y a pas de noblesse ! ― Dis-moi, qu’as-tu fait là-bas, sur le pont ?

— Ma foi, monsieur, j’allais raser des clients, et je regardais seulement si la rivière coule vite.

  1. Mesure de poids valant 16 kilogrammes et demi.