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Page:Gogol Chirol - Contes et nouvelles.djvu/130

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Il ne savait que penser d’un fait aussi surprenant. Comment était-il possible, en vérité, qu’un nez, qui la veille encore était sur sa figure et ne pouvait s’en aller, ni marcher, fût maintenant en uniforme ! Il courut derrière la voiture qui n’allait pas loin heureusement et qui s’arrêta devant le Gostini Dvor[1].

Il se hâta, et se glissa entre un rang de vieilles mendiantes aux visages noueux et ayant deux trous à la place des yeux, ce dont il se moquait jadis. Il y avait peu de monde. Kovalev était dans un tel désarroi d’idées, qu’il ne put se décider à rien, et chercha des yeux le monsieur dans tous les coins ; il l’aperçut, enfin, debout devant un comptoir. Le nez cachait complètement son visage dans le haut collet montant et examinait certaines marchandises avec une profonde attention.

― Comment l’aborder ? pensait Kovalev. À toute sa personne, son uniforme, son chapeau, il est visible que c’est un conseiller d’État. Si je sais comment faire !…

Il commença par tousser, par moments, autour

  1. Grand bazar.