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Page:Gogol Chirol - Contes et nouvelles.djvu/185

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de lui s’exhalait comme une odeur de généralat ! Elle me remercia et sourit presque, de sorte que ses lèvres de sucre se touchèrent légèrement, et elle s’en alla. Je restai encore assis durant une heure. Un laquais arriva soudain et me dit : « Retournez chez vous, Akcentii Ivanovitch, mon maître ne sortira pas de chez lui. » Je ne puis souffrir la race des laquais ; elle est toujours étendue dans l’antichambre et ne daigne même pas faire un signe de tête. Cela n’est encore rien ; un jour un de ces animaux, oubliant son rang, se permit de m’offrir du tabac. Mais sais-tu, toi, serf stupide, que je suis tchinovnik, que je suis de race noble ?

Je pris toutefois mon chapeau, mis moi-même mon manteau, car ces messieurs ne vous le présentent jamais, et je sortis. À la maison je restai sur mon lit la plus grande partie du temps. Je copiai ensuite de très beaux vers :

N’ayant pas vu ma petite âme depuis une heure,
J’ai pensé ne pas l’avoir vue de toute l’année.
Détestant mon existence,
Puis-je vivre ? me disais-je.