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Page:Gogol Chirol - Contes et nouvelles.djvu/187

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Le diable m’emporte si son visage à lui ne ressemble pas à une ampoule d’apothicaire ; sur la tête, il a une touffe de cheveux tressée en huppe, qu’il élève en l’air, et l’ayant graissée de pommade à la rose, il croit qu’à lui seul tout est possible. Je comprends ; je comprends ce qui l’irrite contre moi. Il me porte envie ; il a vu, peut-être, les marques de préférence qui me sont témoignées. Mais je crache sur lui ! La belle affaire qu’un conseiller de cour[1] ! Il porte une chaîne de montre en or, commande des bottes à trente roubles, mais que le diable l’enlève ! Est-ce que, moi, je fais partie des roturiers, des tailleurs, ou des enfants de sous-officiers ? Je suis noble. Eh quoi, moi aussi, je puis faire mon chemin dans le service. Attends, l’ami ! Nous deviendrons aussi colonel, et, peut-être, si Dieu aide, quelque chose de mieux encore. Nous aussi, nous acquerrons un appartement, et plus beau que le tien ! Que t’es-tu donc fourré dans la tête, de croire qu’à part toi il n’y a pas d’homme comme il faut ? Donne-moi seulement un frac de cérémonie, à la mode, et attache-

  1. Septième degré des tchines ou rangs, en Russie.