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Page:Gogol Chirol - Contes et nouvelles.djvu/199

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poulet rôti, alors, je ne sais ce qui m’arriverait. La sauce au gruau est également très bonne ; mais la carotte, ou le navet, ou les artichauts, — tout cela ne vaut rien… »

Ce style est extraordinairement inégal. On voit tout de suite que ce n’est pas un homme qui écrit ; cela commence convenablement, et cela finit en chiennerie. Voyons encore une autre lettre. Quelque chose d’un peu long. Hem ! il n’y a pas de date.

« Ah ! très chère, comme on ressent l’approche du printemps ! Mon cœur bat, comme s’il attendait quelque chose. J’ai dans les oreilles un bourdonnement perpétuel, si bien que parfois, levant la patte, je reste quelques minutes à écouter à la porte. Je te dévoilerai que j’ai beaucoup de courtisans. Je les regarde quelquefois, assise à la fenêtre. Ah ! si tu savais comme il y en a de laids parmi eux ! L’un d’eux, grossier, chien de basse-cour, effrayamment bête, portant la stupidité écrite sur sa figure, va gravement dans la rue, s’imagine qu’il est un personnage remarquable, et pense que tout le monde le regarde. Oh ! que non ! Je n’ai pas du tout tourné mon attention