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Page:Gogol Chirol - Contes et nouvelles.djvu/38

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sabre, je suis médiocre : d’un homme, je taille des morceaux plus menus que le gruau dont on fait la kacha[1].

— Je suis prêt, dit le pan Danilo, brandissant hardiment son sabre en l’air, comme s’il l’avait aiguisé exprès pour cette occasion.

— Danilo ! s’écria vivement Katerina, le saisissant par la main et s’y suspendant, rappelle-toi, insensé, regarde sur qui tu lèves la main. Toi, père, tes cheveux sont blancs comme la neige, et tu t’emportes ainsi qu’un garçon qui perd la tête !

— Femme ! s’écria avec menace le pan Danilo, tu sais que je n’aime pas cela ; fais ton ouvrage de femme !

Les sabres résonnèrent terriblement ; le fer frappa le fer, et une pluie d’étincelles entoura les Kosaks. Éplorée, Katerina se sauva dans une autre pièce, se jeta sur un lit et se couvrit les oreilles, pour ne pas entendre le choc des sabres. Mais les Kosaks se battaient trop bien, pour qu’il fût possible d’assoupir leurs coups. Son cœur bat-

  1. Soupe au gruau.