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Page:Gogol Chirol - Contes et nouvelles.djvu/46

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tends, Katerina : il a refusé de boire l’hydromel que j’ai pris à des juifs de Brestov. — Eh ! garçon ! cria le pan Danilo, cours à la cave, enfant, et apporte-moi de l’hydromel juif ! Il ne boit pas non plus d’eau-de-vie de grains ! Quel malheur ! Il me semble, pania Katerina, qu’il ne croit pas au Christ notre Seigneur ! Dis ? Que t’en semble-t-il ?

— Dieu saint ! que dis-tu, pan Danilo ?

— C’est bizarre, pania ! continua Danilo, en prenant des mains du Kosak un pot de terre ; les catholiques impurs eux-mêmes aiment l’eau-de-vie ; seuls les Turcs n’en boivent pas. Eh bien ! Stetzeko, tu as bu pas mal d’hydromel à la cave ?

— J’y ai seulement goûté, pan !

— Tu mens, fils de chien ! Vois comme les mouches assaillent tes moustaches ! Je vois dans tes yeux que tu en as pris un demi-vedro[1]. Ah ! les Kosaks ! Quel mauvais peuple ! Il est toujours prêt à donner à un camarade, mais il tarit tout ce qui est liquide. Et moi, pania Katerina, depuis longtemps, je n’ai pas été ivre. Dis ?

— Voilà longtemps ! Mais pour la dernière…

  1. C’est-à-dire six litres.