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Page:Gogol Chirol - Contes et nouvelles.djvu/68

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visible une blessure. Quatre balles me traversèrent le corps, et aucune des plaies n’est complètement guérie. Combien d’or alors nous gagnions ! Les Kosaks puisaient à pleins chapeaux les pierres précieuses. Et quels chevaux, Katerina, si tu savais quels chevaux nous prenions alors ! Il me semble que je ne suis pas encore vieux et que mon corps est robuste ; mais le glaive kosak est tombé de mes mains, je vis sans rien faire ; et je ne sais plus pourquoi je vis. Il n’y a plus d’ordre dans l’Ukraine : les polkovniks[1] et les essaouls[2] se disputent entre eux, comme des chiens ; il n’y a plus au-dessus d’eux de chef suprême. Notre noblesse a pris les mœurs polonaises et appris la ruse… vendu son âme et accepté l’union[3]. La juiverie opprime le malheureux peuple. Ô temps ! temps passé ! Qu’êtes-vous devenues, mes années ? Va, garçon, à la cave, et apporte-moi un gobelet d’hydromel ! Je veux boire à l’ancienne liberté et aux années coulées !

― Comment recevrons-nous nos hôtes, pan ? Du

  1. Colonels.
  2. Capitaines.
  3. L’union avec l’Église catholique romaine.