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Page:Gogol Chirol - Contes et nouvelles.djvu/72

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kosake s’est envolée de son noble corps : les lèvres blêmissent ; le Kosak dort pour l’éternité.

Le serviteur sanglote et fait signe de la main à Katerina :

― Allons, pania, vite : ton pan s’est amusé ; il gît maintenant ivre-mort, sur la terre humide ; de longtemps il ne se dégrisera pas !

Katerina frappe ses mains l’une contre l’autre et s’abat, comme une gerbe, sur le corps inanimé.

— Mon époux ! Tu es donc couché là, les yeux fermés ? Relève-toi, mon bien-aimé faucon, tends ta main ! Soulève-toi ! Regarde au moins encore une fois ta Katerina, remue les lèvres, prononce le moindre mot !… Mais tu te tais, tu te tais, mon pan radieux ! Tu bleuis, comme la mer Noire ! Ton cœur ne bat plus ! Pourquoi es-tu ainsi gelé, mon pan ? Mes larmes, je le vois, ne sont pas assez brûlantes pour pouvoir te réchauffer. Mes plaintes ne sont pas assez bruyantes pour te réveiller ! Qui donc conduira maintenant tes troupes ? Qui donc montera sur ton cheval noir, criera et brandira tes sabres à la tête des Kosaks ? Kosaks ! Kosaks ! où sont votre honneur et votre gloire ? Ils gisent là,