Page:Gogol HalperineKaminsky - Veillees de l Ukraine.djvu/195

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Un jour, le sérénissime Hetmann eut l’idée d’envoyer une missive à la Czarine. Le scribe du régiment (que le diable l’emporte), j’ai oublié son nom ! est-ce Viskriak ou non ? Motuzotchka ou non ? Golopoutsek ou non ?… En tout cas, ce que je sais, c’est que son nom était très difficile. Enfin le scribe du régiment appela mon grand-père et lui dit que l’hetmann le chargeait d’aller porter une missive à la Czarine.

Mon grand-père n’aimait pas à faire de longs préparatifs. Il cousit la missive dans son bonnet, attela son cheval, embrassa sa femme et ses deux (comme il les appelait) petits cochons dont l’un était mon père, et partit en soulevant derrière lui autant de poussière que si quinze gaillards eussent joué aux barres au milieu de la rue.

Le lendemain matin, le coq n’avait pas encore chanté pour la quatrième fois que mon grand-père était déjà à Konotop. Il y avait là en ce moment une foire : une telle foule encombrait les rues qu’on en avait mal aux yeux à regarder ; mais comme il était encore de très bonne heure, tous les gens dormaient