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Page:Gogol HalperineKaminsky - Veillees de l Ukraine.djvu/32

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rettes de foin ou de blé. Elle aurait voulu aller là où, sous la toile des tentes, sont coquettement appendus des rubans rouges, des boucles d’oreilles, des croix d’étain et de cuivre et des pièces d’or pour colliers.

Cependant le spectacle qu’elle avait devant les yeux ne manquait pas d’intérêt. Elle prenait un intime plaisir à regarder ici un tzigane bigarré et un moujik se frapper dans la main jusqu’à crier de douleur ; là un juif ivre offrir du kissel[1] à une baba ; plus loin, des poissardes s’injurier et se jeter des écrevisses à la tête ; ailleurs encore, un Moscovite caresser d’une main sa barbe de bouc et de l’autre… mais voilà qu’elle se sent tirer par la manche brodée de sa chemise. Elle se retourne et se trouve en face du parobok à la svitka blanche et aux yeux ardents. Tout son corps tressaillit, son cœur se mit à battre comme jamais il n’avait encore battu, ni sous la joie, ni sous la douleur, sensation étrange et délicieuse en même temps ; elle ne pouvait se rendre compte de ce qu’elle éprouvait.

— N’aie pas peur, mon petit cœur ! n’aie

  1. Sorte de gelée de fruits.