Page:Gojon - Le Jardin des dieux.djvu/150

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Ils s’avançaient, légers et clairs, dans la lumière,
Ayant sur eux la peau du poulpe et du python
Et si beaux dans l’azur immense où, la première,
L’aube foulait la nuit qui fuyait à tâtons.

Des nuages pareils à des cariatides
S’élevaient lentement mêlés à l’arc-en-ciel,
Tandis que les tronçons de la Bête fétide
Gisaient au bord des mers luisantes de leur sel.

Des triangles d’oiseaux coupaient l’aube profonde,
Un long rayon partit de l’horizon tranché
Et le jour assura l’arche immense du monde
Sur la nuque et le dos des Atlantes penchés.

Alors, tout s’exalta d’une énorme allégresse,
Alors, tout s’embrasa d’un flamboiement vermeil,
Et j’entendis enflant son hymne qui progresse
La grande lyre d’or vibrer dans le soleil !