Page:Gojon - Le Jardin des dieux.djvu/165

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La terre devant toi, soumise, se dénude,
Et Malte et Chypre et Naple et Palerme, exaltés
Par ta mélancolie et par ta solitude
Trempent dans la musique et dans la volupté.

C’est l’heure où sur le monde inapaisé qu’embrase
Ton étincellement, ô nocturne vigueur,
Coule de toi, penchée, ainsi que d’un beau vase
Je ne sais quelle étrange et lointaine langueur.

Les jardins onduleux sous ta longue caresse
Remuent confusément comme un pelage obscur,
Et la mer qui se berce à ton grand rêve oppresse
D’un éternel tourment le silence et l’azur.

Les fauves sans sommeil vers qui tu t’aventures
Ont senti devant toi battre leur cœur puissant,
Ce cœur porté si bas que la rude Nature
Peut suivre à tous ses bonds l’élan secret du sang !