Page:Gojon - Le Jardin des dieux.djvu/179

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Quand je reviens vers vous après ma longue absence,
Empire de la pourpre et des chaudes couleurs,
Toute votre splendeur fastueuse m’encense
D’orange, de goudron, de jasmin et d’essence,
Et vos horloges ont d’attirantes pâleurs.

Les ponts, les cabestans, les cordages, les voiles
Comblent mes yeux baignés d’un horizon vermeil,
Et pour m’atteindre alors au plus profond des moelles,
Une sirène élève aux premières étoiles
L’adieu désespéré de la mer au soleil !

Ah ! j’entendrai toujours gronder vos docks de fonte
Et la mer ébranler leurs murailles, tandis
Qu’au-dessus de vos mâts et de vos treuils brandis
— Comme aux soirs triomphaux de Tyr et d’Amathonte —
La lune lourde, jaune, énorme et lente, monte…