J’aime leurs cris aigus qui rayent le silence,
J’aime dans l’ombre ardente où mon front se courba
Leurs gestes rituels au-dessus des balances
Où j’ai vu se pencher le jeune Ali Baba.
Ô fleurs, légumes d’or, beau marché disparate,
Chapelet qui s’égrène aux doigts d’un mendiant,
Aveugle récitant la plus longue sourate
En tournant ses yeux morts vers le soleil couchant,
Après-midi brûlant, tête qui se renverse
Et pèse, tatouée, au cuir des coussins ronds
Et ces repos d’amour, ces siestes que traverse
Le cri frais des marchands de glace et de citrons.
Oh ! tout cela, c’est toi ma ville aux mains sanglantes
Qui caches ton passé comme un brûlant trésor,
C’est toi, ces cours de marbre et ces jardins qu’enchantent
Un souvenir d’empire et l’odeur de la mort.
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