Page:Gojon - Le Jardin des dieux.djvu/237

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


La mer gronde et ruisselle au fond de ses histoires.
Il sait dire la guerre avec ses chars de faux,
Et l’averse des dards sur la montagne noire
Des éléphants portant les princes triomphaux.

L’amour est dans sa voix si profond et si triste
Qu’en l’écoutant s’émeut l’ermite émacié
Et que le dur calife à qui nul ne résiste
Sent son cœur s’amollir sous son corset d’acier.

Ainsi fumant la pipe où se jaunit son pouce,
Assis devant ses fleurs il compose en rêvant,
Auprès de son jet d’eau, qu’éparpille ou rebrousse,
Parfois, dans le silence, un coup brusque du vent.

Souvent, il s’interrompt et sa main artisane,
Balançant le verset qu’il scande et qu’il redit,
Fait briller en glissant sur sa barbe persane
La pierre où dort le feu des jardins interdits.