Page:Gojon - Le Jardin des dieux.djvu/300

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À peine puis-je atteindre à tes talons de pierre
Que trempèrent la lune et le vent de la nuit,
À peine puis-je, ô dieu, sans cligner des paupières
Voir ces yeux devant qui tant de soleils ont fui.
La Nuit seule a baigné tes aisselles de pierre.

Ceux qui t’ont, lentement, siècle à siècle, érigé
Entre la terre étroite et le ciel sans limites,
La hyène les aura depuis longtemps rongés…
À peine savons-nous le langage et les mythes
De ceux qui t’ont dans l’aube, Insensible, érigé.

J’implore vainement tes pierres éternelles
Et ta face lointaine au rêve aérien.
Quel échafaud puissant me montera vers elle ?
Mais rien ne peut répondre à ma prière, rien…
J’implore vainement tes pierres éternelles !