Page:Goldenweiser - Le Crime comme peine, la peine comme crime.djvu/17

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« Messieurs ! les pauvres gens qui se tiennent devant vous, les larmes aux yeux, ont recours à votre justice, comme dans l’antiquité, les habitants des îles Majorque et Minorque, demandant à Auguste César de leur donner des soldats pour les défendre contre la multitude de lapins qui dévastaient leurs récoltes. Vous possédez de meilleurs armes que les soldats de cet empereur et vous êtes plus à même de protéger ces pauvres gens du besoin et de la famine qui les menacent par les dégâts que causent ces animaux ne respectant ni le grain, ni les vignes. Un désastre les menace, semblable à celui que fit le sanglier, dont parle Homère dans l’Illiade, en dévastant les champs, les vignobles et les forêts du Kayanme de Calidon, ou le renard que Phémis envoya à Thèbes. Vous connaissez tout le mal qu’occasionne la famine dans une contrée. Les mères dont parle le IVe livre des Rois, qui entre dévoraient leurs enfants peuvent vous en servir de témoignage. Les renseignements que vous avez fait prendre et les constatations opérées par vos ordres vous ont permis d’apprécier tout le mal que causent ces animaux. Les formalités nécessaires étant donc remplies, il ne vous reste plus qu’à prononcer un arrêt équitable. Les habitants vous prient d’ordonner aux animaux d’abandonner ces lieux et de se retirer dans le quartier qui leur est assigné ; ils demandent également de faire faire les actes religieux prescrits par notre mère la Sainte