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Page:Goldenweiser - Le Crime comme peine, la peine comme crime.djvu/20

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blerait que la raison faisant agir des hommes réunis dans ce but, devrait être basée naturellement sur la pitié qu’inspire la victime, d’une part, et l’intérêt au sort de l’assassin, de l’autre. En réalité le tableau du jugement ne présente rien de semblable. Tout ce qui se dit ou s’écrit concernant la victime n’engendre que du dégoût chez les auditeurs. Prenons par exemple la lecture du procès-verbal de la constatation de l’état du cadavre :

« Taille de Féraponte Smelkow, 2 archines 12 verschoks (« Un gaillard, tout de même » murmura le juré-marchand à l’oreille de Nekludoff, d’un air préoccupé).

La victime paraît âgée d’une quarantaine d’années.

Le cadavre est gonflé.

Les tissus sont partout de couleur verdâtre, piquée par places de taches sombres.

La peau sur toute la surface du corps est boursouflée, formant des ampoules de différentes dimensions, elle est détachée par places, pendant sous la forme de loques. Les cheveux sont d’un blond foncé, épais et se détachent facilement du cuir chevelu dès qu’on les touche. Les yeux sont sortis de leurs orbites et la cornée en est terne.

Un liquide mousseux, séreux, s’écoule des narines, des oreilles et de la bouche restée entr’ouverte.

On ne remarque presque pas de cou par suite du gonflement de la face et de la poitrine ».