Page:Goldenweiser - Le Crime comme peine, la peine comme crime.djvu/34

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

étaient toujours aussi importuns, aussi collants et ne lui donnaient pas de repos », s’adoucit seulement par « son intimité avec Théodosie et Taras, qui, ayant appris les agressions que subissait sa femme, s’était fait arrêter pour pouvoir la protéger et depuis Nijni suivait le convoi en qualité de détenu ». Le rajeunissement, la résurrection de son âme puisèrent leur source dans son passage au groupe des condamnés politiques. « Les rapports avec ses nouveaux compagnons lui ouvrirent des horizons d’intérêts dans la vie, dont elle n’avait aucune idée. Non seulement elle ne connaissait pas, mais elle ne pouvait s’imaginer qu’il existât des gens aussi « braves » comme elle les nomme, que ceux parmi lesquels elle se trouvait à présent ».

« — Tenez, en voilà une qui a pleuré parce que j’étais condamnée, disait-elle. Je dois être reconnaissante toute ma vie. J’ai appris ce que je n’aurais jamais soupçonné.

Elle était dans le ravissement de tous ses nouveaux compagnons ; mais plus que tous elle admirait Marie Pavlovna, qu’elle se prit à aimer d’un amour à part fait de respect et d’enthousiasme. Ce qui l’étonnait surtout, c’était que cette jolie jeune fille, fille d’un riche général, parlant trois langues, se conduisait comme la plus simple ouvrière, abandonnait aux autres tout ce que lui envoyait son riche frère, s’habillait et se chaussait pauvrement, ne faisant aucune attention à son extérieur.