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Page:Goldenweiser - Le Crime comme peine, la peine comme crime.djvu/68

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nes. Par qui, se demande-t-on, s’accomplit l’œuvre du tribunal partout et toujours, l’œuvre qui se reflète principalement sur la destinée du peuple, par des juges ordinaires ou par des personnalités remarquables ? Il suffit au sceptique le plus endurci d’assister une fois à une assemblée de district quelconque de juges de paix pour se convaincre, une fois pour toutes, combien l’attestation que donne Tolstoï aux juges criminels dans l’exercice de leurs fonctions journalières, est pleine de vivante réalité. Tolstoï a pris les juges et les procès dans une mise en scène de tous les jours. Il ne voulait pas faire du procès de Catherine Maslow une cause célèbre, autrement chez lui comme chez Dostoïewski la salle du tribunal serait remplie d’un public distingué, il aurait fait figurer un avocat célèbre. Lui, au contraire, en homme appartenant à la vie réelle, a choisi le tribunal dans l’impression qu’il produit tous les jours, dans l’aspect sous lequel il est connu seulement de la foule, du peuple et dans lequel, il est certain, le fond de la justice criminelle apparaît plus directement, plus droit et plus apparent sous les embellissements et les éléments étrangers qui sont les traits prédominants des causes célèbres.

La critique du même camp a cherché à démentir la réalité des observations de Tolstoï en s’appuyant sur cet argument, que si les formes de la procédure judiciaire lui eussent été connues, il aurait su que la liste des personnes composant le jury est préalablement communiquée aux accusés