Page:Goldenweiser - Le Crime comme peine, la peine comme crime.djvu/90

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rempli de données statistiques, objectif comme un rapport, évitant toute expression de sentiments personnels, n’a eu en Angleterre un succès pareil, non parmi les spécialistes mais parmi le public. Il a justement mérité son succès par son extraordinaire simplicité : on sent, en le lisant, la véracité des points décrits ». Et plus loin : « l’exemple de Howard est cher, parce qu’il montre ce que peut faire quelquefois un simple particulier, sans aucun caractère officiel ni pouvoir, par sa propre initiative, quand il travaille obstinément au bien ».

Cette œuvre, de même que les autres ouvrages de Howard sur le même sujet, ont eu une grande importance et une influence pratique fondamentale sur la question des prisons. Mais, comme on le voit, son genre d’analyse et de propagande, et principalement son point de vue fondamental sur la justice du châtiment en général[1] n’ont pu épuiser la question, et c’est à cause de cela que plus d’un siècle après pouvaient exister dans une contrée civilisée, les formes de détentions et les traitements infligés aux criminels dont Tolstoï nous fait le tableau. C’est là que le procédé littéraire, avec son abondance de sentiments personnels forçant, pour ainsi dire, le lecteur à éprouver lui-même les sentiments dépeints, est incommensurablement plus fort et plus

  1. Jamais, dit à ce sujet Spassowitsch, « il ne s’est posé la question de la raison logique du droit de punir. À ses yeux le châtiment n’a pas besoin de preuves, il entre comme partie intégrante dans l’ordre établi par Dieu ».