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Page:Goldoni - Les chefs d'oeuvres dramatiques, trad du Rivier, Tome I, 1801.djvu/106

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Comédie.

Artur.

Pardonnez-moi : il n’y a point de règle qui n’en souffre.

Bonfil.

Dites-moi dans quel cas, dans quelle circonstance, il peut être permis à un noble d’épouser une femme qui ne l’est pas ?

Artur.

Quand, par exemple, le cavalier est noble, mais pauvre, la femme, sans nom, mais très-riche.

Bonfil.

Quoi faire un vil échange de sa noblesse pour de l’argent ! ah ! c’est un commerce trop méprisable.

Artur.

Quand le cavalier a des obligations à une famille moins noble que la sienne, mais honnête.

Bonfil.

Ah ! ces mariages d’obligation, sont sujets au repentir.

Artur.

Quand un noble peut s’ouvrir un chemin à la fortune, en épousant la fille d’un ministre.

Bonfil.

Fi donc ! c’est sacrifier sa noblesse à une fortune incertaine.

Artur.

Lorsqu’un noble enfin épris des attraits d’une fille honnête……

Bonfil.

Ah, Mylord ! un noble peut donc épouser par affection une femme qui ne le serait pas ?

Artur.

Cela peut se faire ; nous en avons différens exemples : mais il ne serait pas prudent de les renouveler.