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Page:Goldoni - Les chefs d'oeuvres dramatiques, trad du Rivier, Tome I, 1801.djvu/114

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Comédie.

des cas. La noblesse a différens degrés : au-dessous de la noblesse, se trouvent des rangs encore qui peut-être ne seraient pas à dédaigner. Je me flatte que vos vues ne peuvent tendre à un hymen capable de vous avilir.

Bonfil (à part.)

J’irai au comté de Lincoln.

Artur.

Si jamais, à force d’artifice, quelque belle s’efforçait de souiller la pureté de votre sang, en allumant dans votre cœur une flamme impure……

Bonfil (avec humeur.)

Ce n’est point une coquette que j’aime.

Artur (Il se lève.)

Mylord, au plaisir de vous revoir.

Bonfil.

Attendez prenons le thé. Hola ! quelqu’un[1].


Scène XIV.

Les Mêmes, ISAC.
Isac.


Monsieur.

Bonfil.

Ne t’ai-je pas demandé le thé ?

  1. Cette scène est un peu longue ; elle est toute en raisonnemens, et en raisonnemens secs et serrés ; cependant elle intéresse d’un bout à l’autre. Le spectateur, qui partage les sentimens de Bonfil, et qui désire fortement le bonheur de Paméla, semble lui-même questionner Artur, et attendre de chacune de ses réponses une solution satisfaisante. Il fallait beaucoup d’art pour qu’une pareille discussion trouvât aussi naturellement sa place au théâtre, et n’y fût pas une conversation froidement déplacée, mais un morceau lié essentiellement à l’action, et par conséquent d’un intérêt réel.

    L’auteur français a suivi exactement la marche de l’original et s’est borné simplement à resserrer un peu la scène italienne. Peut-être pourrait-on désirer plus de chaleur et de rapidité dans son dialogue, plus de force et d’énergie dans ses vers, lors sur-tout qu’Artur représente son ami les suites d’une mésalliance.