Aller au contenu

Page:Goldoni - Les chefs d'oeuvres dramatiques, trad du Rivier, Tome I, 1801.djvu/126

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
87
Comédie.

d’excellent en Espagne. On en fait assez volontiers usage en Italie ; mais sans vanille, ou du moins il y en a très-peu : c’est sur-tout à Milan que l’on peut se flatter de prendre le meilleur. À Venise, le café est exquis : celui que l’on prend à Alexandrie est franc, et il le font à ravir. À Naples, il faut absolument rendre les armes aux Sorbets, ils en ont d’excellens ; et ce qu’il est à propos d’observer pour la santé, ils le font à la neige et non à la glace. Chaque ville enfin a sa prérogative : Vienne, pour les grands galas ; mais Paris… Oh ! mon cher Paris ! pour l’amour, pour la galanterie, c’est le jardin de l’Europe et le palais du monde. Qu’il est doux de s’y. voir sans soupçons, de s’aimer sans jalousie ! Toujours des fêtes, des jardins, des réjouissances, des passe-temps, des danses ! Oh ! le beau pays, le beau pays ! Oh ! quel plaisir au-dessus de tous les plaisirs du monde !

Bonfil (appelle.)

Hola !

Isac.

Monsieur.

Bonfil.

Apportez un verre d’eau à Monsieur.

Ernold.

Pourquoi donc me faire apporter un verre d’eau ?

Bonfil.

C’est que je crains qu’un aussi long morceau ne vous ait desséché le palais.

Ernold.

Non, non, épargnez-vous ce souci ; depuis que j’ai quitté Londres, j’ai appris à parler.

Bonfil.

On apprend plus facilement à parler qu’à se taire.

Ernold.

Il n’est pas également aisé d’apprendre à bien parler.