Scène XVII.
Tous les instans que je passe désormais dans
cette maison, sont coupables et injurieux à mon
honneur. Mon maître a abandonné les rênes à sa
passion : il me persécute, je dois le fuir. Oh ! Dieu !
est-il possible qu’il ne puisse me regarder sans méditer
ma perte ? Il me faut donc abandonner cette maison
où la fortune m’a souri pour la première fois !
quitter cette bonne madame Jeffre qui a pour moi la
tendresse d’une mère ! ne plus voir monsieur Longman
cet aimable vieillard que je révère comme un père
me séparer des domestiques de cette maison qui.
sont tous des frères pour moi ! abandonner, hélas !
un maître adorable, rempli de tant de belles qualités !
Mais non : mon maître n’est plus vertueux ; son
cœur est changé. Il n’est plus qu’un homme aveuglé
par la passion… je dois le fuir. Il m’en coûtera
sans doute ; je le fuirai cependant. Si Myladi persiste
à me demander, j’irai chez elle ; et j’y resterai tant
qu’il me sera possible. J’instruirai mon père de tout ;
et, à tout événement, j’irai vivre avec lui au sein
de la pauvreté qui m’a vue naître. Malheureuse
Paméla ! ô mon pauvre maître ! (Elle pleure.)
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« Hélas ! chaque moment que je reste en ces lieux,
» Inexorable honneur, est un crime à tes yeux !
» Puisqu’à sa passion mon maître s’abandonne,
» Je n’ai plus qu’à le fuir… ô Dieu ! mon cœur s’étonne
» De l’effort qu’aujourd’hui commande mon devoir.
» Quel avenir m’attend, douloureux à prévoir !
» M’arracher d’un logis où j’étais si chérie !
» Vivre loin de mon maître ! ah ! c’est perdre la vie.
» Eh ! quoi ! si jeune encor… ! à peine commencé,
» Le rêve du bonheur est bien vite effacé !
» Voilà donc où conduit cet éclat qui nous frappe !
» Tout semble me sourire, ô ciel ! et tout m’échappe. »(Acte III, Sc. Ire.)