Ah ! Paméla ! que cependant tu es charmante ?
Mon frère, ne perdes point de vue ce que vous devez à votre famille.
Quoi ! vous suivez Paméla dans cette chambre ? et vous ne rougirez pas de me rendre le témoin de vos faiblesses ! J’en atteste le ciel… !
Oui, assurez-vous bien de votre proie, de peur qu’elle ne vous échappe ! Mylord, songez à ce que vous êtes ; et ne vous exposez point au danger d’une chute aussi honteuse,
Est-ce ainsi qu’il me laisse ? Est-ce ainsi qu’il me traite ? Voilà donc le cas qu’il fait de sa sœur ! Je ne suis pas moi, si je ne me venge pas. Il ne sait que trop cependant que le même sang nous a donné le jour ! L’orgueil qui domine chez lui n’est pas moins actif dans mon sein. S’il me traite avec cet indigne mépris, j’oublierai qu’il est mon frère, et ne verrai plus en lui qu’un ennemi que je poursuivrai. Oui, Pamela viendra avec moi ; ou Paméla perdra la vie[1]
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La durée de cet acte excède de beaucoup la mesure ordinaire
de nos actes ; aussi sa dernière scène se trouve-t-elle la sixième
du troisième acte de la pièce française sans que cette division
nouvelle ait coûté à l’auteur d’autre peine, que de suivre la coupe
naturellement indiquée dans l’original, où le théâtre reste vide
plusieurs fois.
Goldoni avait, pour les règles du poëme dramatique, une aversion presque insurmontable. Il les regardait comme des entraves que l’on a données au génie, et dont il lui est permis de s’affranchir. Il s’y est cependant assujéti lui-même dans ses grands ouvrages ; et elle sont si simples d’ailleurs, et si naturelles, qu’il les a observées, pour ainsi dire, malgré lui dans les autres, où la marche et la division des cinq actes sont également sensibles au premier coup-d’œil.