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Page:Goldoni - Les chefs d'oeuvres dramatiques, trad du Rivier, Tome I, 1801.djvu/158

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119
Comédie.

homme d’un mérite et d’une vertu reconnue, que le sacrifice de son cœur et de sa raison ?

Bonfil.

Pour mon cœur, je l’avoue, le sacrifice en est fait ; mais si vous m’accusez d’avoir agi sans raison, croyez-moi, Mylord, vous vous trompez.

Artur.

Sur quoi établiriez-vous les preuves que votre amour est raisonnable ?

Bonfil.

Mon ami, avez-vous vu Paméla ?

Artur.

Oui je l’ai vue, mais non pas de vos yeux.

Bonfil.

Lui refuseriez-vous des attraits, de l’amabilité ?

Artur.

Elle est belle, elle est aimable : mais qu’est-ce que tout cela, en comparaison de la paix que vous allez perdre ?

Bonfil.

Ah ! Mylord, Paméla possède un rare mérite qui échappe à vos yeux comme aux miens.

Artur.

En quoi consiste donc ce mérite invisible ?

Bonfil.

Dans une vertu extraordinaire, une honnêteté sans tache, une délicatesse admirable sur l’article de l’honneur.

Artur.

C’est un grand, un très-grand mérite sans doute, et digne de tous les hommages. Mais si Paméla est si délicate sur son honneur, le devez-vous être moins sur le vôtre ?

Bonfil.

Je vous ai démontré ce matin qu’un noble ne blessait