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Page:Goldoni - Les chefs d'oeuvres dramatiques, trad du Rivier, Tome I, 1801.djvu/182

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Comédie.

Longman.

Qu’en dites-vous, Monsieur ?

Bonfil.

Je dis que vous êtes un fou. Que si vous osez seulement regarder Paméla, je vous étrangle de mes propres mains.

Longman. (Il fait un grand salut à Mylord, et se retire sans dire un mot.)
Bonfil (seul.)

Non, il ne sera pas possible que je voie, sans en mourir, Paméla passer en d’autres bras ! Mais la parole que j’ai donnée à mon ami ! serai-je inconstant à ce point ? changerai-je à chaque moment ? Oui, rendons-nous à la raison ; cédons cette victoire à l’orgueil, et sacrifions mon cœur. Que madame Jeffre trouve un époux à Paméla : je ne reviendrai point à Londres qu’elle ne soit mariée… Pourrai-je vivre alors ? non, je mourrai certainement, et ma mort sera à jamais un monument glorieux de ce que souvent les maximes rigoureuses du véritable honneur. Voyons Pamela… pour la dernière fois. (Il ouvre la porte de la chambre de Paméla, et madame Jeffre sort.)


Scène IV.

Mylord BONFIL, Madame JEFFRE.
Mme Jeffre.


Croyez-vous, Monsieur, qu’il soit temps de me faire sortir de prison ?

Bonfil.

Où est Paméla ?

Mme Jeffre.

Elle est là, qui pleure, soupire et tremble.