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Page:Goldoni - Les chefs d'oeuvres dramatiques, trad du Rivier, Tome I, 1801.djvu/240

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Comédie.

Mme Jeffre.

Comment, Monsieur ! chez mylord Bonfil ?

Ernold.

Que croyez-vous donc que je lui ai fait ?

Mme Jeffre.

Ses clameurs me le feraient presque supposer.

Ernold.

Je voulais lui faire deux caresses, et rien de plus.

Mme Jeffre.

Et rien de plus ?

Ernold.

Qu’en dites-vous ? cela valait-il la peine de crier de la sorte ?

Myladi.

C’est une impudente, qui a manqué de respect à mon neveu, et à moi-même.

Mme Jeffre.

Je suis surprise que Monsieur se permette de semblables libertés.

Ernold.

Vous me faites rire, bonne femme ! vous allez voir qu’on ne pourra pas badiner avec une servante.

Mme Jeffre.

Où donc avez vous pris ces jolies manières ?

Ernold.

Où ? mais par-tout. Allez, vous ne savez rien. J’ai voyagé : j’ai vu de jolies femmes-de-chambre, des filles d’esprit, et capables de tenir un brillant antichambre, en attendant que Madame fût en état de recevoir la compagnie. Eh bien ! l’on s’amuse, l’on rit avec elles ; on dit des folies : et en supposant que l’une d’elles ait eu l’adresse d’inspirer de l’amour au maître de la maison, elles ne sont point dédaigneuses avec les étrangers, comme cette petite créature-là.