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Page:Goldoni - Les chefs d'oeuvres dramatiques, trad du Rivier, Tome I, 1801.djvu/260

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Comédie.

contenez pour un moment votre juste indignation. Ernold vous a offensé, vous avez raison de vous venger ; je vous y engage moi-même, je serai avec vous, et je le défierai en votre nom. Mais, parlez-moi d’abord en bon gentilhomme, en homme d’honneur, en vrai et loyal Anglais : la jalousie n’est-elle pour rien dans cette fureur ?

Bonfil.

Je ne puis distinguer laquelle de mes passions m’agitent le plus dans ce moment. Tout ce que je puis vous dire, c’est que le perfide mourra.

Artur.

Vous n’exécuterez point ce projet avant d’avoir calmé votre fureur.

Bonfil.

Eh ! qui peut m’en empêcher ?

Artur.

Moi.

Bonfil.

Vous ?

Artur.

Oui, moi, qui suis votre ami, et dont le cœur libre sait apprécier la valeur de l’offense.

Bonfil.

Sa témérité ne mérite-t-elle pas un châtiment ?

Artur.

Oui, sans doute.

Bonfil.

Et à qui appartient-il de venger mes torts ?

Artur.

À mylord Bonfil.

Bonfil.

Eh ! qui suis-je donc ?

Artur.

Un amant qui frémit de jalousie. Vous ne devez