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Page:Goldoni - Les chefs d'oeuvres dramatiques, trad du Rivier, Tome I, 1801.djvu/268

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Comédie.

vous. Si vous aimez véritablement votre maître, faites un peu plus de cas de son honneur.

Mme Jeffre.

Mais il va mourir de douleur.

Artur.

Eh bien ! mourir plutôt cent fois, que de sacrifier son honneur. (Il sort.)

Mme Jeffre (seule.)

Mourir pour sauver son honneur ; je comprends cela à merveille ; mais qu’il se déshonore en épousant une fille pauvre, mais honnête, c’est ce que je ne vois pas du tout. J’ai entendu dire si souvent que le monde serait bien beau, si les hommes ne l’eussent pas gâté : c’est leur orgueil qui a renversé l’ordre superbe établi par la nature. Ne sommes-nous pas tous égaux aux yeux de cette mère commune et, malgré cela, la fierté des grands ne compte pour rien les petits. Mais un jour viendra que l’on ne fera plus qu’une seule et même pâte des grands et des petits.


Scène IV.

ANDREUSS[1], PAMÉLA.
Paméla.


Père chéri ! quelle consolation vous m’apportez !

Andreuss.

Ah ! Paméla ! je me sens renaître en te voyant.

  1. Cette arrivée du père de Pamela n’est point préparée, et a été à peine annoncée au commencement du premier acte ; encore, n’était-ce qu’une faible espérance dont se flattait Paméla. Il y a long-temps que le spectateur a perdu cela de vue ; et il faut nécessairement que l’intrigue d’une pièce, que les ressorts qui la dirigent, que la marche même des personnages n’aient rien d’obscur pour lui.

    L’auteur de la Paméla Française a obvié à cet inconvénient, en introduisant son Andreuss dès la fin du troisième acte.