Aller au contenu

Page:Goldoni - Les chefs d'oeuvres dramatiques, trad du Rivier, Tome I, 1801.djvu/270

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
231
Comédie.

Paméla.

Que fait ma tendre mère ?

Andreuss.

Elle supporte avec une constance admirable les désagrémens de la pauvreté et ceux de la vieillesse.

Paméla.

Elle est déjà si avancée en âge !

Andreuss.

Regarde-moi ; suis-je vieux ? Eh bien ! nous sommes du même âge, à l’exception de cette force qui caractérise l’homme, et que ta mère n’a pas. J’ai fait vingt milles en deux jours ; elle ne le ferait pas en un mois.

Paméla.

Oh dieu ! vous êtes venu à pied ?

Andreuss.

Eh ! comment, dis-moi, pouvais-je venir autrement ? on ne peut se servir de voitures sur nos montagnes, et je ne monte plus à cheval. Je suis venu à mon aise, je t’en réponds, et certes le désir de te revoir m’a fait faire des prodiges.

Paméla.

Mais vous devez être bien fatigué ; de grace, allez-vous reposer.

Andreuss.

Non, ma fille, non, je ne suis point fatigué. Je me suis reposé deux heures avant d’entrer à Londres.

Paméla.

Pourquoi différer de deux heures pour moi le plaisir de vous embrasser ?

Andreuss.

Pour me préparer à résister aux transports de joie que je savais bien devoir éprouver en te revoyant.

Paméla.

Combien y a-t-il d’années que je vis loin de vous ?