Que fait ma tendre mère ?
Elle supporte avec une constance admirable les désagrémens de la pauvreté et ceux de la vieillesse.
Elle est déjà si avancée en âge !
Regarde-moi ; suis-je vieux ? Eh bien ! nous sommes du même âge, à l’exception de cette force qui caractérise l’homme, et que ta mère n’a pas. J’ai fait vingt milles en deux jours ; elle ne le ferait pas en un mois.
Oh dieu ! vous êtes venu à pied ?
Eh ! comment, dis-moi, pouvais-je venir autrement ? on ne peut se servir de voitures sur nos montagnes, et je ne monte plus à cheval. Je suis venu à mon aise, je t’en réponds, et certes le désir de te revoir m’a fait faire des prodiges.
Mais vous devez être bien fatigué ; de grace, allez-vous reposer.
Non, ma fille, non, je ne suis point fatigué. Je me suis reposé deux heures avant d’entrer à Londres.
Pourquoi différer de deux heures pour moi le plaisir de vous embrasser ?
Pour me préparer à résister aux transports de joie que je savais bien devoir éprouver en te revoyant.
Combien y a-t-il d’années que je vis loin de vous ?