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Page:Goldoni - Les chefs d'oeuvres dramatiques, trad du Rivier, Tome I, 1801.djvu/298

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259
Comédie.

Andreuss.

Ah ! Mylord, vous me faites répandre des pleurs d’alégresse !

Bonfil.

Mais quelles preuves pourront constater à mes yeux ce que vous êtes ?

Andreuss.

Monsieur, ces cheveux blancs devraient inspirer quelque confiance. Je suis trop voisin du terme de ma vie, pour qu’on me puisse supposer le dessein de mourir imposteur. Mais, grâces au ciel, j’ai conservé jusqu’ici un trésor, dont le seul aspect m’a souvent consolé, au sein même de la pauvreté. Ces parchemins contiennent mes titres véritables, mes terriers, le tableau chronologique de ma maison l’une des plus redoutées de l’Écosse, et des plus célèbres pour mon malheur ! puisqu’aveuglé par un sot orgueil, l’homme se prévaut quelquefois de sa naissance et de sa fortune, pour courir à sa perte !

Voilà, de plus, deux lettres de l’ami que j’ai perdu, Guillaume Artur. Elles me flattaient de l’espérance du pardon, lorsqu’une mort imprévue a tranché sa vie et détruit tout mon espoir.

Bonfil.

Connaissez-vous mylord Artur son fils ?

Andreuss.

Je l’ai vu bien jeune. Je désirerais avoir avec lui un moment d’entretien qui sait si son père mourant ne m’a pas recommandé à son zèle ?

Bonfil.

Mylord Artur est plein de vertus, et c’est mon meilleur ami. Mais, grand Dieu ! combien tarde Pamela ! allons la trouver. (Ils se lèvent.)

Andreuss.

Je vous en conjure, Mylord, n’exposez point ma