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Page:Goldoni - Les chefs d'oeuvres dramatiques, trad du Rivier, Tome I, 1801.djvu/318

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Comédie.

Paméla.

Oh, Dieu ! mon père ; que me dites-vous ?

Andreuss.

Oui, ma fille ; le voilà le secret que je te devais révéler. Je suis le comte Auspingh, et tu es ma fille. Mes malheurs m’ont confiné dans un bois, mais n’ont point changé le sang qui t’a donné la vie.

Paméla.

Hélas ! en croirai-je ce que je viens d’entendre ?

Andreuss.

Ah ! crois en ton vieux père, crois en les larmes de tendresse qui baignent mon sein.

Bonfil.

Paméla, daignerez-vous m’honorer d’un regard encore ?

Paméla.

Oh, Dieu ! quel trouble nouveau s’empare de mon cœur ! quel est ce froid qui glace le sang dans mes veines ! comme je passe en un instant d’un froid mortel au feu le plus dévorant ! Je me sens brûler… Je me sens mourir.

Bonfil.

Allons, chère épouse, familiarisez votre ame avec un sort que vous méritez à tant de titres !

Paméla.

De grâce, Mylord, souffrez que je me retire pour un moment. Mon cœur est assiégé à la fois de tant de sujets de joie… Un seul des sentimens que j’éprouve suffirait pour me donner la mort.

Bonfil.

Oui, chère idole de mon cœur, recueillez-vous un instant. Passez dans mon appartement.

Paméla.

Mon père, ne m’abandonnez pas. (Elle sort.)