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Page:Goldoni - Les chefs d'oeuvres dramatiques, trad du Rivier, Tome I, 1801.djvu/332

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Comédie.

Paméla.

Oui, Madame ; j’excuse, j’approuve, je loue même votre délicatesse. Paméla paysanne pouvait contrarier le respect dont vous êtes si justement jalouse pour votre sang ; Paméla qui a vu son sort si heureusement changer, pourra se flatter, du moins, de votre bienveillance.

Myladi.

Je vous donne le titre d’amie, et vous presse contre mon sein, avec le nom chéri de sœur.

Paméla.

Ce titre généreux que vous daignez me donner, ne m’appartient point encore.

Myladi.

Et que reste-t-il donc à faire pour l’établir ?

Paméla.

Ah ! que votre frère m’en assure.

Bonfil.

Chère Paméla, voilà ma main.

Paméla.

Cela ne suffit pas.

Bonfil.

Qu’exigez-vous de plus ?

Paméla.

Votre cœur.

Bonfil.

Mon cœur ! il est à vous depuis long-temps.

Paméla[1].

Vous m’avez donné un cœur qui n’est pas le vôtre.

  1. Tout cela se retrouve mot pour mot dans la Paméla de La Chaussée, et c’est à-peu-près tout ce qu’il est possible d’en citer.
    Mylord.

    Que faut-il davantage !
    Parlez ; exigez…

    Paméla.

    Parlez ; exigez…Votre cœur.

    Mylord.

    Ce soupçon m’étonne et m’outrage :
    Il est à vous depuis long-temps.
    Vous me l’avez ravi : quel autre
    Brûla jamais pour vous de feux plus violens !

    Paméla.

    Non, celui que j’avais ce n’était pas le vôtre.
    Un cœur qui se cachait sous un dehors trompeur,
    Et qui, comptant sur ma faiblesse,
    Ne conspirait dans son ivresse,
    Que ma perte et mon déshonneur.

    Mylord.

    Ah ! vous avez raison ; ce cœur que je déteste,
    Était pour vos appas un présent trop funeste.