Page:Goldoni - Les chefs d'oeuvres dramatiques, trad du Rivier, Tome I, 1801.djvu/390

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La Comtesse.

Je ne prétends pas dire que personne ne m’aime ; je dis seulement que mon cœur est encore libre.

Le Marquis.

Et serait-il permis de savoir quel est le mortel qui soupire pour vous ?

La Comtesse.

Monsieur le Capitaine, c’est en demander un peu trop.

Le Marquis.

Vous êtes si sincère, que j’ose me flatter que ce secret n’en sera pas un pour moi.

La Comtesse.

Ce n’est point autrement un secret. Mon père en est instruit, tout le monde le sait, et je vous le dirai volontiers : c’est le baron Talismani.

Le Marquis.

Je ne le connais point. Est-il jeune ?

La Comtesse.

Assez encore.

Le Marquis.

Bel homme ?

La Comtesse.

Mais il n’est point à dédaigner.

Le Marquis.

Et vous ne l’aimez pas ?

La Comtesse.

Je ne l’aime, ni ne le hais.

Le Marquis.

Vous l’épouseriez ?

La Comtesse.

Plus volontiers qu’un inconnu.

Le Marquis.

Pardon : mais je vous crois de l’inclination pour lui.