Page:Goldoni - Les chefs d'oeuvres dramatiques, trad du Rivier, Tome I, 1801.djvu/398

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Le Marquis.

J’en suis persuadé. Lui avez-vous dit que vous étiez avec moi ; m’avez-vous nommé devant lui ?

Le Lieutenant.

Je n’en ai pas eu le temps.

Le Marquis.

Gardez-vous bien de lui dire qui je suis.

Le Lieutenant.

Que signifie tout cela ? règne-t-il entre vous quelque inimitié ?

Le Marquis.

Entrons dans notre chambre ; et je vous ferai part d’une aventure bien étrange.

Le Lieutenant.

Eh bien ! savez-vous si cette jeune voyageuse nous accordera l’honneur de sa compagnie ?

Le Marquis.

Entrons. Vous apprendrez à son égard des choses tout-à-fait singulières.

Le Lieutenant.

Vous l’avez vue ?

Le Marquis.

Retirons-nous ; je tremble, si le Baron vient, qu’il n’en résulte quelque scène fâcheuse. Son arrivée ici n’est point sans mystères. Venez, écoutez-moi, et si vous êtes mon ami, ne m’abandonnez pas. (À part.) Ah ! je crains qu’ils ne s’aiment, et que la Comtesse n’ait joué la sincérité avec moi. Je brûle de courroux, je frémis de jalousie. (Il entre dans sa chambre.)

Le Lieutenant.

Quelle intrigue y a-t-il donc là-dessous ? je ne sais ce qu’il veut me dire. Je suis fâché de voir mon ami si agité ; je ne voudrais pas cependant que cela me fît perdre un bon dîner, et la compagnie d’une jolie femme. (Il entre dans sa chambre.)