un autre soi-même et comme il n’oserait faire son propre éloge, il use de la même modération en parlant de son ami. Croyez-moi, Madame : je connais également le Marquis, et je vous réponds que c’est le plus aimable, le plus charmant cavalier du monde.
Monsieur le lieutenant, vous pouviez vous dispenser de prendre cette peine-là.
Daignez croire, Monsieur, que je ne l’ai pas prise pour vous. Je suis entré pour empêcher un duel, et pour ranimer le courage de cette belle demoiselle. Elle craint d’aller à Turin pour s’y voir sacrifier ; et je lui réponds, moi, qu’elle marche à un sacrifice, dont plus d’une demoiselle s’accommoderait volontiers. Le marquis Leonardo est bien-fait, parle bien, est honnête envers tout le monde, généreux, et possède, entre autres mérites, celui d’une franchise parfaite et invariable.
Voilà qui est à merveille. La franchise sur-tout me fait grand plaisir. Mais, dites-moi la vérité, n’est-il point colère ?
Non certainement.
Point jaloux ?
Encore moins.
Ne partage-t-il pas tout son temps entre les livres, la société et le théâtre ?
Il sait faire de tout un usage modéré et réglé par la sagesse.