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Comédie.

Bonfil (en souriant.)

Bonne Paméla !

Mme Jeffre.

Mais elle est si honnête, qu’on n’en saura rien de plus.

Bonfil.

Parlez-lui.

Mme Jeffre.

De quoi ?

Bonfil.

Faites-lui savoir que je lui veux du bien.

Mme Jeffre.

Fort bien ! vos bontés décorent aujourd’hui la Gouvernante du titre glorieux d’ambassadrice.

Bonfil.

Je ne puis plus vivre sans Paméla.

Mme Jeffre.

La voulez-vous épouser ?

Bonfil.

Non[1].

Mme Jeffre.

Qu’attendez-vous donc d’elle ?

Bonfil.

Qu’elle m’aime, comme je l’aime.

Mme Jeffre.

Et comment l’aimez-vous ?

Bonfil.

Trouvez-moi Paméla. Dites-lui que je l’aime ; que je prétends être aimé… Dans une heure au plus, j’attends votre réponse. (Il sort.)

  1. Voilà ce que Bonfil doit dire, parce que c’est ce qu’il pense et doit penser, pour le moment du moins. Cependant, ce non a quelque chose de dur, et présente même une idée d’immoralité, qu’il fallait nécessairement adoucir. C’est ce qu’a fait l’imitateur français avec infiniment de goût et de délicatesse.

    Jeffre dit à Bonfil, en parlant de Paméla :

    Voulez-vous…… l’épouser !

    Bonfil réfléchit un moment, et dit ensuite :

    Je ferai sa fortune.

    Ce n’est point, sans doute, répondre à la question : mais aussi n’est-ce point la trancher avec un non désespérant.