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Page:Goldoni - Les chefs d'oeuvres dramatiques, trad du Rivier, Tome I, 1801.djvu/98

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Comédie.

Bonfil.

Eh bien ! qu’en dites-vous ? Elle est gentille, n’est-ce pas, Paméla ?

Longman.

Belle, belle comme un ange.

Bonfil.

C’est une beauté comme on n’en voit pas ?

Longman.

Ah ! pourquoi suis-je si vieux ?

Bonfil.

Allez.

Longman.

Mylord, ne la sacrifiez point à Myladi !

Bonfil.

Allez, vous dis-je.

Longman.

J’obéis.

Bonfil.

Les préparatifs de mon voyage.

Longman.

Oui, Monsieur. (Il sort.)


Scène XII[1].

Mylord Bonfil (seul.)


Ils aiment tous Paméla et je ne devrai pas l’aimer ? Mais mon rang… Quel rang ? Eh ! quoi,

  1. Ils l’aiment tous ! et pourquoi, m’en défendre ?
    Pourquoi sacrifier un sentiment si tendre ?
    Mais mon état… ! qu’importe ? à vivre infortuné
    Un préjugé d’orgueil m’aurait-il condamné !
    Ces rubans, ces cordons et ces chaînes dorées,
    Des esclaves de Cour ces pompeuses livrées
    Ne sont que des hochets, dont la vaine splendeur
    Déguise le néant d’une fausse grandeur.
    Mon cœur perce à travers cette écorce infidèle :
    Je sens que mon bonheur ne peut dépendre d’elle.
    De ce frivole éclat je saurais me passer.
    Mais à voir Paméla, Ciel ! comment renoncer !
    De l’univers entier elle obtiendrait l’hommage ;
    Et moi, n’osant braver un tyrannique usage,
    Maître de m’assurer un destin plein d’attraits,
    Je pourrais me résoudre à la fuir… ! Non, jamais.

    (Acte II, Sc. VII.).